Bien-être Slow food

Microbiote: comment la flore intestinale influence nos vies

Bactéries intestinales du microbiote aggrandies

Le microbiote, ce sont les milliers de milliards de microorganismes qui logent dans notre système. Sur notre peau, dans notre bouche, dans notre système intestinal… 

Nous serions composés à moitié de «nous», et à moitié de cette population de bactéries, microbes, levures et autres mini organismes. On ne serait donc pas tout à fait seul, dans notre corps! 

Le microbiote intestinal, plus connu sous le nom de flore intestinale, exerce même une influence sur nos gènes et notre métabolisme.

Plusieurs ouvrages existent sur ce sujet qui n’a que récemment connu un engouement assez grand. Parmi ceux-là, j’ai lu l’excellent «Mille milliards d’amies: comprendre et nourrir son microbiome» par Marianne Desautels-Marissal, biochimiste.

J’ai eu envie de vous en parler, car comprenant mieux son impact sur nous, on voit bien à quel point la mouvance slow food et la diminution de la nourriture industrialisée sont importants.

Microbiome intestinal en voie d’extinction

Découvert depuis peu, le microbiote intestinal est déjà en danger. Son existence est malmenée par l’utilisation massive des antibiotiques, des césariennes, de l’aseptisation ainsi que d’une diète trop sucrée, trop salée, et trop transformée.

Le microbiote, pour bien prospérer, a besoin de fibres: fruits, légumes, aliments complexes. 

Notre diète nord-américaine, pauvre en fibres et haute en aliments ultra-transformée, se fait digérer trop rapidement.

Par le temps que la nourriture atteigne la section inférieure du système digestif, abritant la majorité des microorganismes, il ne reste plus de nutriments pour les nourrir.

Par conséquent, le microbiote s’appauvrit. La quantité et la diversité des microorganismes baissent dramatiquement. En gros, notre diète affame notre microbiote.

Microbiote et digestion

Le microbiote intestinal joue plusieurs rôles hyper-importants au sein de notre corps.

D’abord, il nous aide à assimiler les éléments nutritifs. Les bactéries croquent les molécules complexes que nous ingérons, et les transforment en des versions plus petites et facilement assimilables. Elles nous aident à manger!

En digérant ce que nous mangeons, nos amies bactéries libèrent les nutriments des aliments (qui autrement y resterait piégés), ainsi que des acides gras à chaîne courte, notamment le butyrate

Ce dernier sert à contrer l’inflammation, à nourrir les cellules du côlon et à faciliter le travail des cellules immunitaires détectant les cellules cancéreuses.

Microbiote et cerveau

Les souris de laboratoire nées par césarienne et élevées dans un environnement stérile, donc n’ayant jamais eu de contact avec des bactéries, présentent des anomalies, selon des études.

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Ces souris dites «axéniques» ont un transit intestinal plus lent, un système immunitaire immature, un cycle de reproduction perturbé, des poumons, cœur et foie plus petits, ainsi qu’un cerveau se développant différemment. 

En effet, la biochimie de leur cerveau est altérée au niveau de l’hippocampe (régulant la mémoire), de l’amygdale (régulant la gestion des émotions et la prise de risque) et de l’hypothalamus (répondant au stress).

Les souris avec un microbiote pauvre présentent des symptômes de dépression, d’anxiété et une grande vulnérabilité aux stresseurs.

Tout cela est encore flou pour la science, mais une chose est certaine: le microbiome a un effet sur la biochimie du cerveau.

Microbiote et comportement

Une étude d’une équipe de l’Université de McMaster en 2011 a démontré que le microbiome pourrait également avoir une incidence sur le comportement.

En effet, en interchangeant le microbiote de souris au tempérament passif avec celui de souris au tempérament actif et aventureux, ils ont noté une inversion des comportements

Les souris passives se sont mises à explorer davantage, tandis que les souris aventureuses sont devenues plus timides.

Nos bactéries intestinales auraient donc un impact sur notre comportement. Fou, non?

Cette étude a placé l’étude du microbiote sur la map. Depuis, plusieurs autres ont été publiées, soulignant toujours plus d’effets surprenants du microbiote intestinal. 

Modification de l’humeur par le côlon irritable, baisse du stress suite à la consommation de prébiotiques (nourrissant le microbiote), meilleure gestion des émotions après consommation de probiotiques (contenant des souches de bactéries), et ainsi de suite.

Assez étonnant!

Un microbiote en voie de disparition

C’est un champ de recherche encore jeune et méconnu, mais une chose est certaine: il est très, très prometteur.

Malheureusement, au moment même où nous nous rendons compte de la richesse située au sein même de notre organisme, nous apprenons que le microbiote est, de fait, menacé.

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Les Occidentaux ont un microbiome fortement appauvri, et ça ne va pas en s’améliorant.

La diète nord-américaine grasse, sucrée et pauvre en fibres fait des ravages au sein de notre système digestif, entraînant des maladies inflammatoires de l’intestin et des maladies auto-immunes.

D’autres facteurs malmènent également notre microbiote: augmentation des césariennes (le microbiome vaginal maternel étant notre première source de bactéries, peuplant le nôtre à notre passage dans le canal vaginal), aseptisation de notre milieu de vie, ainsi qu’augmentation de l’utilisation des antibiotiques (tuant les mauvaises bactéries, mais aussi les bonnes).

Comment améliorer sa flore intestinale?

Maintenant que nous savons tout cela, il reste une chose à faire: être gentil avec son microbiote!

Pour en prendre soin, il est important de manger des aliments entiers, riches en fibres, qui ne sont pas digérés instantanément dans l’intestin grêle comme les aliments transformés que nous mangeons.

Les bactéries intestinales se nourrissent de:

  • Fibres (vive les légumineuses et les grains entiers!)
  • Légumes frais (parfait prébiotiques, particulièrement l’ail, l’oignon et le poireau, ainsi que les astéracées, telles que l’artichaut, le topinambour et le pissenlit)
  • Fruits
  • Noix
  • Café, cacao et vin pour les polyphénols qu’ils renferment (yep)
  • Aliments fermentés (kombucha, kéfir, tempeh, kimchi, vinaigre, choucroute, mais aussi bière, pain, vin, chocolat, yogourt, fromage…)

N’en faites pas une obsession… Assurez-vous simplement de consommer de vrais aliments frais et colorés, et de manger diversifié, et vous devriez être good to go.

Si vous désirez augmenter votre apport de probiotiques et microorganismes bénéfiques, je vous conseille de lire Conserver ses légumes par la fermentation.

Aussi, pensez à:

  • Limiter l’utilisation de produits ménagers très puissants
  • Utiliser les antibiotiques avec parcimonie
  • Ouvrir les fenêtres pour favoriser l’échange de bactéries

En temps de COVID, ce n’est pas facile… Mais en gros, n’essayez pas de tout aseptiser, vous ne rendez pas du tout service à votre santé. 

Vive les bactéries!

Référence: «Mille milliards d’amies: comprendre et nourrir son microbiome» par Marianne Desautels-Marissal, 2016

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