Inspirations

[Relations en slow] Entrer en relation avec les autres

Relations en slow et en pleine conscience

Pour cette série spéciale, notre collaboratrice Katherine s’est donné comme mission d’explorer le rapport entre minimalisme, zéro déchet, pleine conscience et les relations. Faisant une grande place à l’intentionnalité (meaningfulness) dans son quotidien, cette dernière teinte, entre d’autres, ses relations. [Texte édité par Karine St-Germain Blais]

Capsule #1: tisser une relation avec un individu

Je me suis questionnée: comment l’expression Vivre en slow pourrait-elle s’appliquer aux relations entre individus?

Selon moi, le slow living, le minimalisme et le zéro déchet peuvent aider à créer des relations ayant plus de sens.

  • Slow living: être pleinement présent à la conversation pour lui laisser le temps d’émerger.
  • Minimaliste: en dire moins et écouter avec attention.
  • Zéro déchet: ne pas gaspiller les mots, parler avec intention; une idée suremballée brouille la connexion.

En faire moins lors de mes interactions (lorsque je réussis!) me permet de retirer plus de choses de ces relations.

Comme la fois où…

La soirée

J’ai accepté l’invitation. Une parmi tant d’autres, similaires aux autres. J’étais heureuse de passer la soirée avec ces belles personnes.

Un coin de rue avant d’arriver, je me mets à transpirer. Nerveuse, je regarde mon agenda: c’est quoi l’adresse, déjà?

C’est la bonne date, la bonne heure. La bonne porte… Tout est validé, calme-toi.

Je souris, excitée d’aller voir des gens. Mon cœur bat vite, je suis anxieuse. Ah, finalement je veux partir! OK non, je dois inspirer… expirer. 

Je cogne, on m’ouvre. 

Un beau visage familier! C’est mon ami, je le prends dans mes bras et j’entre chez lui où les gens discutent.

Après un bout, je me trouve entre deux états: ni en train de discuter, ni seule chez moi. Je suis nulle part, en fait je suis quelque part entre les deux.

Je suis seule, mais avec du monde. Ça arrive tout le temps, alors je sais quoi faire.

Je dois me laisser porter par mon envie de connecter avec les gens, d’embrasser ce contact avec des humains qui m’inspirent, qui me remplissent et qui m’impressionnent à chaque fois. 

Je scanne la pièce. Je tente de trouver quelqu’un de disponible. 

En voilà un!

Génial, je sais qu’il a des passions super intéressantes en plus. Je veux entrer en relation et connecter avec lui.

Je me rapproche en souriant. J’essaie de sortir de ma solitude de groupe. 

Le contact

Je sautille, heureuse de voir l’individu. Je m’approche et je souris… trop. 

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Bon, ça y est, je me sens comme un chien qui voit son humain! Je ne sais pas quoi dire… Ah, non, je dois réagir! 

Je prends la personne dans mes bras. Cela me laisse un répit avant d’entamer la conversation. Nerveuse, j’accroche accidentellement la personne. «Oups, je m’excuse!».

La honte, encore.   

J’accroche les gens quand je suis nerveuse. 

Mes mains sont jointes. C’est mon astuce à moi pour truquer mon cerveau. Ma main se fait tenir par une autre main — c’est rassurant!

C’est encore plus rassurant quand elle se fait tenir par la main de quelqu’un d’autre, mais bon, on fait avec ce qu’on a.

La conversation

Ça y est, la conversation débute! Un échange poli, on doit bien commencer quelque part.

Je suis quelqu’un qui ressent les choses. Ce que j’aime le plus, c’est entendre parler quelqu’un d’un sujet qui le passionne. 

C’est là que je peux voir apparaître le pétillant dans ses yeux.

Je cherche le sujet qui va créer l’étincelle. J’essaie quelques questions: travail? Weekend? Ta journée? Un sport? Les réponses sont courtoises, mais sans développement. 

Ishhh, OK, le contact n’est pas encore fait. Allez, laisse-moi entrer en relation avec toi! Ouvre-toi à moi, tu m’intéresses, tu es un être merveilleux.

Les questions ne marchent pas. Changement de stratégie: je me mets à parler, vite, très vite. Je désire couvrir le MAXIMUM de sujet, et je surveille ses yeux. Je cherche LE mot qui suscitera l’étincelle.

Je parle sans arrêt. Je tourne en rond, je parle encore plus, toujours plus vite. Je cherche dans toutes les directions le mot qui saura faire réagir la personne.

Allez, j’ai besoin de partage, réagis! C’est toujours la même histoire. Je veux entrer rapidement en relation, alors je surcharge l’échange. 

La personne est confuse, elle ne peut rien attraper dans mon flot.

Je m’arrête. Pas trop rapidement, sinon ça crée un malaise. J’essaie d’éviter de lancer la balle de façon inattendue du genre «et toi?»  Je veux tout sauf un monologue. Pourtant, c’est ce qui est en train de se passer.

Je veux offrir une présence attentive à tes mots conscients animés par tes passions. Je veux t’écouter me raconter ce que tu as appris, ce qui t’anime. Je veux que tu me partages. 

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Je n’ai pas envie de parler. Je connais ce que je pense et ressens, après tout. En parler serait comme écouter la même saison d’une série pour la cinquième fois. 

Écouter l’autre, par contre, c’est plutôt comme écouter une nouvelle saison. Est-ce que c’est possible de binger quelqu’un? 

Je ralentis, je me calme.

Inspire, expire. 

La connexion

J’entends enfin ma conscience me parler: sois ce que tu voudrais qu’il soit. Je m’écoute, je ralentis encore, je souhaite laisser émerger quelque chose.

Ça y est, la personne s’anime. Elle aborde un sujet qui l’intéresse: l’étincelle, je la vois! 

C’est parti, mon cœur sourit. Merci belle personne de partager avec moi.

J’essaie de ne pas gaspiller les mots, j’écoute avec attention. Ce qu’il me raconte est merveilleux, je ne comprends pas tout, mais cela vient du cœur, d’un souvenir et d’un rire.

Je grandis à l’écouter. Je ne veux pas que cela s’arrête. Je veux éviter de faire du bruit sur notre connexion, toute petite et toute fragile. Elle me remplit de bonheur, si tu savais. 

L’échange épuré, minimaliste, riche et intentionnel. 

La conversation se termine. Je lui fais un beau sourire en lui touchant le coude. Je me sens bien.  

Est-ce que vivre cette discussion autrement, en avoir dit moins et plus lentement nous aurait permis d’en retirer plus?

La relation en slow

Ça s’est passé rapidement, mais cela se passe à chaque contact humain. Une relation avec un individu est vivifiante lorsque je suis capable de vivre en slow mes rencontres.

Je n’y arrive encore que très peu. Surtout dans la rue, ou encore dans des boutiques avec des inconnus.

Une relation n’apparaît pas. Elle fleurit dans un terreau fertile, avec des soins adaptés. 

Une relation vécue en slow, c’est laisser la place et patienter afin que les choses émergent. Que l’on puisse générer quelque chose entre humains.

Être plus présente et réduire le gaspillage des mots, pour créer une relation minimaliste qui est remplie de sens pour moi. Merci mon ami d’avoir partagé ce moment-relation avec moi.  

Je sors de notre rencontre calme et tout sourire.

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2 commentaires

  • Répondre
    Florian
    12 mai 2020 à 15:09

    Mais… Mais… ? Un article de qualité ! Bien écrit, qui nous emmène avec toi, dans ta discussion. Mais quel talent, bravo.
    Ca fait longtemps qu’un article ne m’a pas autant captivé et emporter dans un autre monde, à oublier le présent.
    C’est le premier article que je lis de toi, mais crois-moi, ce ne sera pas le seul 🙂
    Merci Karine, et félicitations.
    – Flo, du blog Existence Zen

    • Répondre
      Karine St-Germain Blais
      12 mai 2020 à 15:40

      C’est très gentil! Je tiens juste à souligner que le coeur du texte a été rédigé par la merveilleuse Katherine Jolicoeur 🙂 Je n’en ai fait que l’édition. Tout le mérite lui revient!

      – Karine

    Répondre

    Simplifiez votre vie, un article à la fois! Pas plus d’un courriel par mois, promis.